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Vente d'un bien hérité après un décès : droits, délais et procédures de succession

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Ce qu'il faut retenir de notre article :

La vente d'un bien immobilier après un décès nécessite le respect strict d'un cadre juridique et fiscal spécifique. Les héritiers disposent de 6 mois pour déclarer la succession, et la vente ne peut intervenir qu'après obtention de l'attestation de propriété notariée. Le conjoint survivant peut choisir entre l'usufruit de la totalité ou la propriété du quart en présence d'enfants, tandis que la plus-value se calcule sur la base de la valeur vénale au jour du décès, avec un abattement de 100 000 € pour les descendants directs.

Droits du conjoint survivant et des héritiers sur la propriété immobilière

La répartition des droits sur un bien immobilier après décès obéit à des règles précises qui varient selon la configuration familiale et le régime matrimonial. Cette architecture juridique détermine qui peut vendre, dans quelles proportions, et selon quelles modalités.

Répartition légale selon le régime matrimonial et la présence d'enfants

Situation familiale

Régime matrimonial

Droits du conjoint survivant

Droits des enfants

Couple avec enfants communs

Communauté réduite aux acquêts

50% en pleine propriété sur les biens communs + option sur la succession

Part sur 50% restant + succession

Couple avec enfants communs

Séparation de biens

Option : usufruit totalité OU 1/4 en pleine propriété

Nue-propriété OU 3/4 en pleine propriété

Couple sans enfant

Tous régimes

1/2 en pleine propriété (si parents vivants) OU totalité

Néant

Couple avec enfants non communs

Tous régimes

1/4 en pleine propriété uniquement

3/4 en pleine propriété

Cette répartition constitue le socle juridique incontournable avant toute décision de vente. Les investisseurs avertis noteront que le régime de la communauté universelle avec clause d'attribution intégrale permet d'éviter l'indivision successorale, simplifiant considérablement la transmission.

Options du conjoint survivant : usufruit de la totalité ou propriété partielle

Le conjoint survivant dispose d'un délai de 3 mois pour exercer son option successorale, prorogeable sur demande motivée. Cette décision stratégique impacte directement la capacité de vente du bien :

  • Option usufruit:

    • Droit d'usage et de perception des loyers à vie

    • Impossibilité de vendre sans l'accord de l'usufruitier

    • Valeur de l'usufruit : barème fiscal selon l'âge (70 ans = 30% de la pleine propriété)

  • Option propriété du quart:

    • Propriété immédiate et définitive de 25% du bien

    • Participation proportionnelle au produit de vente

    • Simplification des démarches en cas de vente rapide

  • Conséquences fiscales:

    • Usufruit : exonération totale de droits de succession entre époux

    • Quart en propriété : même exonération mais limitation de la capacité d'optimisation

Cas particuliers : donation au dernier vivant et quotité disponible

La donation entre époux permet d'optimiser la transmission en offrant trois options au conjoint survivant, au lieu d'une seule selon la loi :

Exemple chiffré concret :Patrimoine de 800 000 € (dont maison de 500 000 €), 2 enfants :

  • Option 1 : Usufruit de la totalité = contrôle total sur 800 000 €

  • Option 2 : 1/4 pleine propriété + 3/4 usufruit = 200 000 € + usufruit sur 600 000 €

  • Option 3 : Quotité disponible en pleine propriété = 400 000 € (1/2 en présence de 2 enfants)

La quotité disponible spéciale entre époux peut atteindre la totalité en usufruit, dépassant ainsi la quotité disponible ordinaire limitée à 1/2 avec deux enfants ou 1/3 avec trois enfants et plus.

Délais légaux et contraintes temporelles pour vendre après un décès

L'articulation temporelle d'une succession immobilière obéit à une chronologie stricte dont le non-respect expose à des pénalités financières substantielles.

Déclaration de succession : le délai impératif de six mois

Timeline des obligations successorales :

Délai

Démarche obligatoire

Pénalité en cas de retard

J+0 à J+7

Déclaration de décès en mairie

Impossibilité d'engager la succession

J+30

Contact notaire pour ouverture succession

Aucune (mais retarde le processus)

J+180 (6 mois)

Dépôt déclaration de succession

0,20% par mois + 10% après 6 mois

J+180

Paiement droits de succession

Intérêts de retard 0,20% mensuel

J+365 (12 mois)

Délai si décès hors France métropolitaine

Mêmes pénalités après 12 mois

Check-list chronologique des démarches :

Semaine 1 : Obtention certificat de décès, contact assurances

Mois 1 : Inventaire patrimoine, recherche testament, RDV notaire

Mois 2-3 : Établissement acte de notoriété, valorisation des biens

Mois 4-5 : Calcul et provision droits de succession

Mois 6 : Dépôt déclaration et paiement (ou demande délai/fractionnement)

Indivision successorale : peut-on vendre immédiatement ?

Situation

Vente possible ?

Conditions

Délai minimum

Héritier unique

OUI

Attestation de propriété

2-3 mois

Indivision avec accord

OUI

Unanimité des indivisaires

3-4 mois

Indivision sans accord

NON

Saisine tribunal nécessaire

8-12 mois

Conjoint usufruitier seul

NON

Accord nus-propriétaires requis

Variable

Présence héritier mineur

CONDITIONNEL

Autorisation juge des tutelles

+2-3 mois

Succession vacante

NON

Désignation curateur

6-12 mois

L'article 815-3 du Code civil autorise la vente à la majorité des 2/3 des droits indivis, mais cette procédure judiciaire allonge significativement les délais et génère des frais supplémentaires de 3 000 à 8 000 €.

Documents obligatoires pour la vente d'une maison en succession

La constitution d'un dossier complet conditionne la validité juridique de la transaction et sa rapidité d'exécution.

Acte de notoriété et attestation de propriété

Documents fondamentaux avec délais d'obtention :

Document

Délivré par

Délai obtention

Coût indicatif

Validité

Acte de notoriété

Notaire

2-4 semaines

250-400 €

Illimitée

Attestation de propriété

Notaire

1-2 mois après notoriété

150-300 €

3 mois

Certificat d'hérédité

Mairie/Tribunal

1 semaine

Gratuit-30 €

3 mois

Inventaire successoral

Notaire/Commissaire-priseur

2-3 semaines

500-2000 €

Définitif

Check-list exhaustive pour la vente :

Documents succession :

  • ✓ Acte de décès (original + copies)

  • ✓ Acte de notoriété complet

  • ✓ Attestation de propriété immobilière

  • ✓ Déclaration de succession enregistrée

  • ✓ Justificatif paiement droits de succession

  • ✓ Testament olographe ou authentique (si existant)

  • ✓ Contrat de mariage du défunt

Documents immobilier :

  • ✓ Titre de propriété du défunt

  • ✓ Diagnostics techniques (validité à vérifier)

  • ✓ Taxe foncière des 2 dernières années

  • ✓ PV des 3 dernières AG (si copropriété)

  • ✓ Règlement de copropriété et état descriptif

  • ✓ Carnet d'entretien et factures travaux

Documents spécifiques selon la situation matrimoniale

Situation matrimoniale

Documents supplémentaires requis

Particularités

Marié communauté

Contrat de mariage + Acte liquidation communauté

Notaire liquidateur obligatoire

Marié séparation biens

Contrat de mariage + Inventaire biens propres

Preuve propriété exclusive

PACS avec indivision

Convention PACS + Acte d'acquisition en indivision

Quote-part à déterminer

Union libre

Actes d'acquisition + Preuves financement

Risque revendication

Divorcé

Jugement divorce + Attribution bien

Vérifier transcription

Donation au dernier vivant

Acte de donation entre époux

Option à exercer

L'absence d'un seul document peut bloquer la vente pendant plusieurs semaines. Les investisseurs expérimentés mandatent systématiquement un clerc de notaire spécialisé pour auditer le dossier en amont.

Procédure de vente en indivision : accord des cohéritiers et solutions en cas de désaccord

L'indivision successorale représente le principal facteur de complexification et d'allongement des délais de vente. Sa gestion requiert une approche stratégique différenciée selon le niveau de consensus familial.

Vente conjointe avec accord unanime des indivisaires

Procédure simplifiée en 5 étapes :

  1. Réunion des indivisaires (Mois 1)

    • Désignation d'un mandataire commun

    • Fixation du prix de vente minimum

    • Choix de la stratégie de commercialisation

  2. Mandatement professionnel (Mois 2)

    • Mandat de vente collectif obligatoire

    • Signatures de tous les indivisaires

    • Clause de répartition du prix intégrée

  3. Commercialisation (Mois 2-4)

    • Publication annonce au nom de l'indivision

    • Visites organisées par le mandataire

    • Négociations centralisées

  4. Compromis de vente (Mois 4-5)

    • Signatures de tous les héritiers

    • Séquestre notarié du dépôt de garantie

    • Délai de rétractation maintenu à 10 jours

  5. Acte authentique (Mois 6-7)

    • Présence ou procuration de chaque indivisaire

    • Répartition du prix selon quotes-parts

    • Quittance subrogative pour soldé de tout compte

Saisir le tribunal judiciaire en cas de blocage

Procédure détaillée de saisine (Article 815-5-1) :

Étape

Action

Coût

Délai

1. Tentative amiable

Courrier RAR + médiation

500-1000 €

1 mois

2. Assignation

Avocat + huissier

1500-2500 €

2 semaines

3. Audience

Représentation obligatoire

Inclus

2-3 mois

4. Jugement

Autorisation ou rejet

0 €

1-2 mois

5. Appel possible

Nouvelle procédure

3000-5000 €

6-12 mois

Comment calculer le rachat de parts entre héritiers ?

Le rachat de soulte constitue l'alternative privilégiée pour éviter la vente, particulièrement attractive dans un marché haussier.

Calcul de la soulte - Exemple chiffré :

Maison estimée : 600 000 € 3 héritiers à parts égales (200 000 € chacun) Héritier A souhaite conserver et racheter B et C

Option 1 - Rachat comptant :

  • Soulte due : 400 000 €

  • Frais de notaire : 3 200 € (0,8%)

  • Total à financer : 403 200 €

Option 2 - Crédit immobilier :

  • Emprunt : 400 000 € sur 20 ans à 4,5%

  • Mensualité : 2 530 €

  • Garantie : Hypothèque sur le bien

  • Coût total : 607 200 €

Option 3 - Rachat progressif :

  • Versement initial : 100 000 € par héritier

  • Solde : 100 000 € par héritier sur 5 ans

  • Intérêts légaux : 4,75% (2024)

  • Acte notarié avec échéancier

Fiscalité de la vente : droits de succession, plus-value et taxes

L'optimisation fiscale d'une vente en succession nécessite une parfaite maîtrise des mécanismes d'imposition et des stratégies d'abattement disponibles.

Calcul de la plus-value immobilière sur un bien hérité

Formule de calcul spécifique succession :

Plus-value imposable = Prix de vente - (Valeur vénale au décès + Frais d'acquisition forfaitaires 7,5% + Travaux)

Régime d'abattements progressifs :

Durée détention

Abattement IR (19%)

Abattement PS (17,2%)

Taux effectif

0-5 ans

0%

0%

36,2%

6 ans

6%

1,65%

34,07%

10 ans

30%

8,25%

27,72%

15 ans

60%

30%

19,64%

22 ans

100%

85,75%

2,45%

30 ans

100%

100%

0%

Point crucial : La durée de détention du défunt s'ajoute à celle des héritiers, optimisant significativement la fiscalité.

Exemple chiffré complet :

Décès en 2020, vente en 2025

  • Acquisition par le défunt : 1995 (30 ans)

  • Valeur décès : 400 000 €

  • Prix de vente : 450 000 €

  • Plus-value brute : 50 000 €

  • Abattement 100 000 € descendant direct :

    Exonération totale

Sans l'abattement spécifique :

  • Exonération totale (>30 ans de détention combinée)

Frais de succession à régler avant la vente

Valeur nette taxable

Taux en ligne directe

Taux entre époux

Taux entre frères

< 8 072 €

5%

0%

35%

8 072 - 12 109 €

10%

0%

35%

12 109 - 15 932 €

15%

0%

35%

15 932 - 552 324 €

20%

0%

35%

552 324 - 902 838 €

30%

0%

45%

902 838 - 1 805 677 €

40%

0%

45%

> 1 805 677 €

45%

0%

45%

Abattements applicables :

  • Conjoint/partenaire PACS : Exonération totale

  • Enfant : 100 000 €

  • Petit-enfant : 1 594 €

    (ou 31 865 € si représentation)

  • Frère/sœur : 15 932 €

  • Neveu/nièce : 7 967 €

Optimisation de la mise en vente : estimation et stratégie

Estimation immobilière en contexte successoral

L'estimation immobilière successorale s'impose dans les 6 mois post-décès pour déterminer les droits fiscaux. Au-delà de 5000€, l'intervention d'un professionnel devient obligatoire. Le notaire s'appuie sur les bases BIEN/PERVAL ou réalise une expertise terrain (150-400€).

Attention : toute sous-évaluation expose à un redressement fiscal. La contre-expertise par un conseiller immobilier sécurise la valorisation et optimise une éventuelle cession. Une approche rigoureuse protège les héritiers et facilite le règlement de l'indivision.

[Guide complet : estimation immobilière successorale]

Arbitrage stratégique : liquidité immédiate vs rendement locatif

Vente directe : solution privilégiée au-delà de 3 héritiers ou 15 ans de détention (optimisation des abattements). Libération rapide du capital pour les droits de succession.

Conservation locative : pertinente avec un TRI > 4% net et des perspectives de valorisation > 5%/an. Autofinancement des droits par les loyers, préservation du patrimoine familial.

Solution Trackstone : monétiser un bien loué en succession

Hériter d'un bien occupé complexifie significativement sa cession. Trackstone connecte directement les héritiers avec des investisseurs qualifiés recherchant spécifiquement des actifs locatifs en place.

Notre plateforme permet une vente rapide d'un bien loué sans attendre la libération du locataire, évitant ainsi :

  • Les mois de manque à gagner post-libération

  • Les risques d'impayés ou dégradations en fin de bail

  • Les conflits entre héritiers sur la gestion locative

Expertise particulière

Certaines configurations successorales exigent l'intervention de spécialistes pour sécuriser juridiquement et optimiser financièrement la transaction.

Absence de testament : La dévolution légale génère fréquemment des héritiers inconnus, exposant l'acquéreur à des revendications jusqu'à 10 ans post-transaction. Le généalogiste prélève 10-40% de l'actif net.

Viager non éteint : Impossibilité de céder la pleine propriété. Deux options : rachat de rente (coefficient 10-15x) générant souvent une plus-value immédiate pour le crédirentier, ou acquisition de la nue-propriété avec décote de 40-70% selon l'âge. Le barème Daubry reste la référence actuarielle.

Mineurs héritiers : Délais rallongés de 2-6 mois selon le régime de protection. L'autorisation judiciaire s'impose au-delà de 50 000 €, avec expertise contradictoire obligatoire en cas de tutelle.