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Gestion locative

DPE obligatoire : comprendre les obligations, exceptions et sanctions

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Le diagnostic de performance énergétique est devenu un document central dans toute transaction immobilière en France. Avec plus de 10 millions de DPE réalisés depuis sa création, ce diagnostic rythme désormais les décisions d'achat, de location et de rénovation. Depuis 2025, les règles se sont durcies avec l'interdiction de louer les logements classés G, et de nouvelles réformes se profilent pour 2026.

Face à cette évolution réglementaire, une question revient constamment : le DPE est-il obligatoire pour mon bien ?

Dans quels cas le DPE est-il obligatoire ?

Depuis 2006 pour les ventes et 2007 pour les locations, le DPE est obligatoire lors de toute transaction immobilière concernant un logement. Cette obligation s'applique aux maisons individuelles, appartements et certains locaux à usage d'habitation. Le diagnostic doit être réalisé avant la mise en vente ou en location, et transmis à l'acquéreur ou au locataire lors de la signature.

Depuis juillet 2021, l'opposabilité juridique du DPE change la donne. Contrairement à la période précédente où le document avait une valeur purement informative, il engage désormais la responsabilité du vendeur ou du bailleur. Un acquéreur ou locataire peut contester un DPE erroné et demander réparation, ce qui peut se traduire par une réduction de prix, des dommages-intérêts, voire l'annulation de la transaction.

Les annonces immobilières doivent également mentionner la classe énergétique du bien. Cette obligation s'impose à tous les supports de diffusion, qu'il s'agisse de sites internet, de vitrines d'agences ou de journaux. Pour les biens classés F ou G, la mention "logement à consommation énergétique excessive" doit apparaître explicitement. Cette transparence permet aux candidats acquéreurs ou locataires de filtrer leurs recherches selon leurs exigences énergétiques.

Les obligations spécifiques en copropriété

Le DPE collectif constitue une obligation relativement récente pour les immeubles en copropriété. Le calendrier d'application dépend de la taille de la copropriété :

Taille de la copropriété

Date limite

Statut

Plus de 200 lots

1er janvier 2024

Obligatoire depuis 2024

50 à 200 lots

1er janvier 2025

Obligatoire depuis 2025

Moins de 50 lots

1er janvier 2026

À réaliser avant 2026

Ce DPE collectif diffère du DPE individuel sur plusieurs points. Il évalue la performance énergétique globale de l'immeuble en prenant en compte les parties communes (chauffage collectif, isolation des murs extérieurs, toiture) et un échantillon représentatif de parties privatives. L'objectif est de guider les copropriétaires dans leurs décisions de travaux de rénovation à l'échelle du bâtiment.

Le coût d'un DPE collectif varie généralement entre 1 000 et 4 000 euros selon la taille de l'immeuble et sa complexité. Le délai de réalisation s'étend sur 5 à 6 mois en moyenne. À noter que le DPE collectif ne remplace pas le DPE individuel en cas de vente ou de location, mais il peut servir de base pour l'établir plus rapidement. Il ne faut pas non plus le confondre avec un audit énergétique, qui est un document encore plus approfondi.

DPE et aides à la rénovation (MaPrimeRénov')

L'accès à MaPrimeRénov' Décarbonation (parcours par geste) ne nécessitera un DPE qu'à partir de 2026, et uniquement pour les maisons individuelles. Actuellement, les propriétaires peuvent encore bénéficier de ce parcours jusqu'au 31 décembre 2025 sans obligation de DPE préalable.

En revanche, pour le parcours accompagné de MaPrimeRénov', qui concerne les rénovations globales permettant un gain d'au moins deux classes énergétiques, un DPE valide est déjà requis. Les logements classés F ou G sont particulièrement encouragés à emprunter cette voie, avec un accompagnement obligatoire par un professionnel Accompagnateur Rénov'. Ce dernier aide à définir les travaux prioritaires et peut être financé jusqu'à 2 000 euros par l'aide publique.

Quels biens sont exemptés de DPE obligatoire ?

L'article R126-15 du Code de la construction et de l'habitation prévoit plusieurs exceptions à l'obligation de réaliser un DPE. Ces exemptions concernent des catégories spécifiques de bâtiments dont les caractéristiques rendent le diagnostic soit inutile, soit techniquement impossible. Il est important de comprendre que l'absence d'obligation de DPE ne signifie pas qu'il est interdit de vendre ou de louer ces biens, mais simplement que le diagnostic n'est pas requis pour ces transactions.

Les 7 types de bâtiments non soumis au DPE

1. Constructions provisoires (≤ 2 ans) Les bâtiments prévus pour une durée d'utilisation égale ou inférieure à deux ans sont exemptés : bâtiments de chantier, structures temporaires d'événements ou installations d'urgence.

2. Bâtiments indépendants < 50 m² Cette exemption ne s'applique pas aux appartements, même s'ils font moins de 50 m². Elle concerne uniquement les constructions indépendantes comme les petits ateliers, garages ou cabanons. Un studio en copropriété de 25 m² reste soumis à l'obligation de DPE.

3. Bâtiments agricoles, artisanaux ou industriels Sont concernés les granges, hangars, entrepôts ou ateliers professionnels non destinés à l'habitation. Dès lors qu'un logement de fonction s'y trouve, l'obligation de DPE s'applique pour cette partie.

4. Lieux de culte Églises, mosquées, synagogues et temples bénéficient d'une exemption complète, quelle que soit leur taille ou leur usage secondaire.

5. Monuments historiques Les bâtiments classés ou inscrits à l'inventaire supplémentaire sont dispensés de DPE en raison des contraintes architecturales et patrimoniales.

6. Logements sans chauffage fixe Les logements dépourvus de système de chauffage ou équipés uniquement d'une cheminée à foyer ouvert échappent au DPE, l'absence de chauffage fixe rendant le calcul non pertinent.

7. Résidences secondaires (< 4 mois/an) Les habitations de villégiature occupées moins de quatre mois par an peuvent être exemptées sous certaines conditions.

Le cas particulier des logements neufs

Les constructions neuves pour lesquelles le permis de construire a été déposé après juillet 2007 nécessitent bien un DPE, mais selon des modalités différentes de l'ancien. La réglementation thermique applicable au moment du permis (RT 2012 ou RE 2020 pour les plus récents) garantit déjà un certain niveau de performance.

Dans le cas d'une vente en l'état futur d'achèvement (VEFA), le DPE n'est requis qu'à la livraison du bien, pas au moment de la réservation. Cette particularité s'explique par le fait que les performances énergétiques sont définies par la réglementation thermique en vigueur et ne peuvent être mesurées avant l'achèvement des travaux. L'acquéreur reçoit donc le DPE au moment où il prend possession de son logement neuf.

Sanctions et conséquences en cas d'absence de DPE

L'opposabilité du DPE depuis 2021 a considérablement renforcé les risques encourus en cas d'absence ou d'erreur dans le diagnostic. Les sanctions varient selon l'acteur concerné et la nature du manquement, mais elles peuvent aller de simples amendes administratives à des peines d'emprisonnement dans les cas les plus graves.

Les acquéreurs et locataires disposent désormais d'un véritable pouvoir d'action en justice. Ils peuvent contester un DPE erroné ou absent et demander réparation pour le préjudice subi. Cette réparation peut prendre plusieurs formes : diminution du prix de vente ou du loyer, prise en charge des travaux de mise en conformité, ou dommages-intérêts compensant la perte de chance de négocier dans de meilleures conditions.

Sanctions pour le vendeur et le bailleur

En cas d'absence ou de DPE non valide :

  • 1 500 euros d'amende administrative pour une première infraction

  • 3 000 euros en cas de récidive dans les trois ans

  • Sanctions prononcées par la DGCCRF

En cas de fraude ou fausses informations :

  • Amende pouvant atteindre 37 500 euros

  • Peine d'emprisonnement jusqu'à deux ans

  • Vise à dissuader toute manipulation de la note énergétique

Conséquences spécifiques pour les bailleurs :

  • Diminution ou suspension du loyer ordonnée par le juge

  • Gel des loyers pour les logements F et G depuis août 2022

  • Impossibilité d'augmenter le loyer, même au renouvellement du bail

  • Pour les logements G (interdits depuis 2025) : mise en demeure, dommages-intérêts, impossibilité de percevoir les loyers

Si vous envisagez d'acheter un bien déjà loué, vérifier la classe énergétique devient donc une priorité absolue.

Responsabilité du diagnostiqueur et recours

Le diagnostiqueur certifié engage lui aussi sa responsabilité professionnelle. En cas d'erreur dans le DPE, il peut être condamné à réparer les préjudices subis par l'acquéreur ou le locataire. Si sa certification n'est pas valide au moment de la réalisation du diagnostic, une amende de 1 500 euros s'applique.

Les recours possibles pour l'acquéreur ou le locataire lésé sont multiples. En premier lieu, une réclamation peut être adressée au diagnostiqueur lui-même, qui dispose d'une assurance responsabilité civile professionnelle obligatoire. Si cette démarche n'aboutit pas, le recours en justice permet d'obtenir réparation. Les tribunaux ont déjà accordé des dommages-intérêts significatifs pour des DPE erronés ayant conduit à sous-estimer les coûts de chauffage ou la nécessité de travaux.

Pour éviter ces écueils, il est crucial de choisir un diagnostiqueur certifié et inscrit à l'annuaire officiel. Depuis l'automne 2025, un système de QR code permet de vérifier instantanément la validité de la certification du professionnel, renforçant ainsi la lutte contre la fraude.

DPE vierge, non valide ou non soumis : faire la différence

Ces trois situations sont souvent confondues, alors qu'elles recouvrent des réalités juridiques très différentes. Comprendre ces distinctions est essentiel pour sécuriser vos transactions immobilières et éviter les mauvaises surprises.

Un bien non soumis au DPE correspond aux exceptions légales détaillées précédemment (constructions provisoires, bâtiments de moins de 50 m² indépendants, monuments historiques, etc.). Dans ce cas, l'absence de DPE est normale et conforme à la réglementation. Aucune sanction n'est à craindre, puisque la loi elle-même dispense ces biens de l'obligation.

Le DPE vierge était une pratique courante avant la réforme de juillet 2021. Il s'agissait d'un diagnostic sans données chiffrées de consommation, généralement établi pour les logements construits avant 1948 pour lesquels les données de consommation étaient difficiles à obtenir. Depuis juillet 2021, les DPE vierges sont interdits, sauf en cas d'impossibilité technique absolue de mesurer la consommation réelle. Cette impossibilité doit être dûment justifiée et reste très rare.

Un DPE non valide correspond à un diagnostic qui a dépassé sa durée de validité. Comme expliqué précédemment, les DPE réalisés avant 2018 ont expiré en 2022, ceux de 2018-2021 ont expiré en janvier 2025, et les DPE post-juillet 2021 restent valables 10 ans. Un DPE périmé doit impérativement être renouvelé avant toute mise en vente ou en location, faute de quoi le propriétaire s'expose aux sanctions mentionnées plus haut.

Exemple concret : un appartement acheté en 2019 avec un DPE réalisé en mars 2019 ne peut plus être reloué ou revendu avec ce diagnostic depuis janvier 2025. Le propriétaire doit commander un nouveau DPE conforme à la méthode 3CL actuelle. En revanche, un garage indépendant de 45 m² peut être vendu sans DPE car il entre dans la catégorie des bâtiments indépendants de moins de 50 m² non soumis à l'obligation.

5 idées reçues sur le DPE obligatoire

"Je peux faire mon DPE gratuitement moi-même" : Faux. Le DPE doit impérativement être réalisé par un diagnostiqueur certifié et indépendant, inscrit à l'annuaire officiel. Un DPE établi par le propriétaire lui-même n'a aucune valeur juridique et expose aux mêmes sanctions qu'une absence de DPE. Le coût moyen d'un diagnostic s'élève à 180 euros pour un appartement de trois pièces et 200 euros pour une maison individuelle.

"Je n'ai pas besoin d'afficher l'étiquette énergétique sur mon annonce" : Faux. Depuis 2011, toutes les annonces immobilières doivent mentionner la classe énergétique du bien, que ce soit pour une vente ou une location. Cette obligation s'applique à tous les supports : sites internet, vitrines d'agences, journaux. L'absence de cette mention expose le diffuseur de l'annonce à une amende.

"Mon logement saisonnier n'a pas besoin de DPE" : À nuancer. Jusqu'en 2024, les meublés de tourisme échappaient effectivement à l'obligation de DPE. Mais depuis 2025 en France métropolitaine, un DPE classé E minimum est requis pour les nouveaux meublés de tourisme faisant l'objet d'une demande de changement d'usage. Cette obligation sera progressivement étendue à tous les meublés touristiques d'ici 2034, avec un minimum de classe D requis.

"Le DPE rend les travaux obligatoires" : Faux. Le DPE contient des recommandations de travaux pour améliorer la performance énergétique, mais ces recommandations ne sont pas obligatoires. En revanche, la location de logements classés G est interdite depuis janvier 2025, ce qui contraint indirectement les propriétaires bailleurs à réaliser des travaux. Pour la vente, aucune obligation de travaux n'existe, mais la décote appliquée aux passoires thermiques (10 à 15% en moyenne) peut inciter à rénover avant de vendre.

"Le DPE n'impacte pas le prix de vente" : Faux. La notion de "valeur verte" est désormais bien établie. Selon une étude des notaires de 2019, les biens classés F ou G se vendent entre 2% et 18% moins cher qu'un bien équivalent classé D, selon les régions. Cette décote s'est même accentuée depuis l'interdiction de location des logements G en 2025. À l'inverse, un bien classé A ou B peut se vendre plus cher et trouve généralement acquéreur plus rapidement. Pour optimiser le rendement locatif de votre investissement, la classe énergétique devient donc un critère déterminant.

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